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Dans cette grande surface culturelle, mon livre se présente de dos, coincé entre "les trois quarts du temps" de B. Groult et "Changer la vie" de J. Guéhenno.

cet emplacement le flatte, mais ne lui permet, en aucun cas, d'attirer l'oeil d'un lecteur non averti.

Est-ce pour cette raison qu'une main malicieuse l'a fait accéder aux saintes tables réservées aux stars avant de l'acheter?

" la gloire soudaine se fane très vite. " et la sagesse me pousse à me ranger à cet avis! 

- A mi-parcours, j'ai abandonné le bouquin de...

- Et pourquoi?

- Je préfère les polars ou les romans d'aventures.

- S'en tenir aux gouts et aux couleurs lorsqu'il est question d'art, c'est porter un jugement sommaire.

- Je lis pour me distraire.

- Pas pour apprécier...Pas par respect...

- ???

- Pour apprecier, le lecteur devrait toujours s'efforcer d'effectuer un travail d'approche comparable à celui consenti par l'auteur.     C'est à ce prix qu'un dialogue avec ce dernier ou entre lecteurs devient enrichissant et que l'oeuvre artistique peut être appréciée.

- C'est ce que tu fais ?

- Pas toujours !

Le public défile. je scrute, je suppute, j'imagine, j'espère...

je quête un regard. Interrogatifs,ils croisent le mien, se posent sur l'oeuvre du Caravage qui orne la couverture de mon livre avant de se perdre sur le petit rosier qui égaye ma table.

Soudain, une dame s'approche. Elle hésite et s'empare de l'exemplaire qui trône sur un petit chevalet. Elle le feuillette et s'attarde sur une page. Puis, elle me sourit, le repose et s'éloigne sans dire un mot.

La voici de retour, elle lit la quatrième de couverture, me regarde et s'apprête à glisser dans son sac " A la rencontre d'une rencontre ".

Pour la première fois, mon livre est entre les mains d'une personne que je ne connais pas. Que va-t-elle en penser?

L'émotion me gagne et la gagne à son tour lorsque je refuse d'accepter les quelques euros qu'elle me tend.

Ce livre, je le lui offre comme si lui associer une valeur marchande devait entâcher ce moment rare, le début d'une aventure.

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Je viens de lire le dernier roman d'Amélie Nothomb : Riquet à la houppe.

Si j'osais, j'en parlerais comme de la recette revisitée de ce genre littéraire appelé conte, par un grand chef.

Une recette où deux ingrédients doivent être incorporés, savamment et tour à tour, jusqu'à obtenir un mariage improbable et parfait et auxquels le maître queux a ajouté une touche personnelle qui les sublime.

Le marmiton que je suis a dégusté tout en mesurant le chemin qui lui reste à accomplir!

Mon livre flotte, désormais, sur le Gange de quelques librairies, à la manière de ces petites bougies posées sur le fleuve, à Bénarès.

La première et la quatrième de couverture seront les seuls arguments plaidant en sa faveur pour un passant anonyme en quête de lecture.

Car, à l'inverse d'un tableau qui suggère d'emblée une impression, le livre exige de la patience, parfois la lecture de plusieurs pages avant de séduire, distraire, interpeler, instruire...

Ce livre va-t-il choisir son lecteur ou sera-t-il choisi par lui?

Ce dimanche matin, il fait tout juste bon à se réfugier dans une église pour profiter d'une bonne prédication.

Et voici que ce mot me ramène sur les bancs de l'école en train d'effectuer une analyse logique.

Y parviendrai-je aujourd'hui où il n'est question que de prédicat, de syntagme, voire de rhématisation sans oublier la copule.

Un mot de liaison, certes, mais restons en là...

Si besoin, me resteront les precieux conseils de Maurice Grevisse