" Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés:
On en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie..."
En écrivant ces vers, Monsieur de La Fontaine se doutait-il qu'ils pourraient s'appliquer aux zombies que nous sommes devenus? Peut-être parler d'une "mourante vie" serait-il excessif? Mais résignés, fatalistes, soumis, nous nous sommes installés, tant bien que mal, dans une seconde vie, bourrée d'incertitude.
L'incertitude, un mal devenu plus toxique que le virus. Alphonse Karr ne dit-il pas "l'incertitude est le pire de tous les maux" avant d'ajouter, il est vrai "jusqu'au moment où la réalité nous fait regretter l'incertitude". Las de lutter contre cette plaie, certains se sont résolus à accepter cette vie végétative qui lui va si bien, faite de petits riens, au point d'hésiter à l'abandonner aujourd'hui. Quelques mets plantureux, un excès d'apéros sont venus l'agrémenter au prix, souvent, d'un changement d'anatomie. Mais sans la présence des autres, ces folies ont manqué de piquant et de charme.
Voyant l'incertitude flirter avec l'exaspération, le Président a décidé de lui tordre le cou... Si, Si, Si! Allons-nous retrouver la vie d'avant ou aborder la vie d'après? Anne Baratin pense que "l'incertitude laisse entr'ouverte la porte de l'espérance." Alors, ne boudons pas cette perspective.