Insidieusement, à pas feutrés, la maladie, qui n'ose se présenter que sous un sigle [ covid-19 ] , m'a rendu visite. Avec un culot monstre, elle s'est emparée de mon corps et m'en a dépossédé.
Une voix d'outre-tombe a remplacé la mienne. Bientôt, mes jambes, pareilles à celles d'un poulain qui vient de naitre, refusèrent de me porter. Sous l'effet d'une extême fatigue, mon esprit cessa de se battre. Je me mis à divaguer et à errer, sans corps, dans un sombre univers. la vie fuyait. Mais un matin, le regret des choses simples s'est imposé comme un début de guérison et ce quatrain de Csezlaw Milosz m'a sauté au visage:
" Seigneur Dieu, j'ai aimé la confiture de fraises
et la sombre douceur du corps féminin.
Comme aussi la vodka glacée, les harengs à l'huile,
les parfums: la canelle et les clous de girofle."
Aujourd'hui, des envies me reviennent. Celle d'un verre de rosé arrive en tête. Reste à être sur d'en retrouver le goût avant de mettre fin à une parenthèse riche de sens!